Hypatia, au travers de la littérature

4- Vue par le XIXe

La mort d’Hypatie est alors considérée comme le symbole du passage à une autre époque. Elle inspira des poètes français, des écrivains italiens, des historiens anglais qui tous s’extasièrent sur sa beauté, son intelligence, sa pureté d’âme. D’après eux sa mort marqua la fin d’un « âge d’or » des civilités grecques, de la culture, dans lequel ils aspiraient à retourner.

Le XIXe siècle fit d’elle une voluptueuse prêtresse païenne, plus jeune qu’elle ne l’était réellement.

I. Hypatia or the New Foes with an Old Face, Charles Kingsley, 1853

a) Biographie de l’auteur(1819-75)

De son temps le libéral ecclésiastique était surtout connu comme un réformateur social. Il est apprécié aujourd’hui des enfants pour son charmant conte de fée 'The Water-Babies'.

Charles Kingsley naquit le 12 juin 1819, à Devonshire, en Angleterre. Son père était un ecclésiastique. Charles alla au King's College de Londres. Plus tard il entra à l’université de Cambridge. En 1842 il alla en tant que vicaire à Eversley, in Hampshire, et devint rapidement curé. Il conserva ce titre durant le reste de sa vie, sauf à quelques intervalles.

Kingsley a risqué sa position dans l’Église par des discours et des écrits en faveur de la classe ouvrière. Il donna naissance au terme « sweatshop system » pour décrire l’exploitation du personnel dans les industries manufacturières. Il se joignit aux Chrétiens socialistes, un groupe proposant des solutions radicales pour les problèmes industriels de l’Angleterre. Son 'Alton Locke', publié en 1850, est un roman qui traite des problèmes sociaux. Kingsley mourra le 23 janvier 1875, et fut enterré dans son propre cimetière à Eversley.

Il est essentiellement connu pour ses romans. 'Hypatia' (1853) traite de la gloire antérieure d’Alexandrie, en Égypte ; 'Westward Ho!' (1855) raconte l’histoire d’un chevalier au temps d’Elizabeth I.

Pour ses enfants Kingsley écrivit de charmantes histoires, comme 'The Heroes' par exemple, une nouvelle version des anciens mythes grecs. 'The Water-Babies' (1863) est à la fois un conte de fée et une histoire sur la nature. Son héros, un petit balai de cheminée, est transformé en un petit bébé d’eau par les fées qui découvre les habitudes des créatures d’eau.

b) Son œuvre « Hypatia ou Le triomphe de la foi »

En 1853, l’auteur britannique Charles Kingsley publia une version très romancée de la vie d’Hypatie dans une nouvelle intitulée « Hypatia or the New Foes with an Old Face ».

Il la publia dans Fraser's Magazine après que son éditeur habituel, le Christian Socialist, ait fait faillite.

L'action, qui se déroule à Alexandrie au Ve siècle de l'ère chrétienne, est dominée par le personnage historique d'Hypatie, femme célèbre qui s'occupa de philosophie platonicienne et qui mourut assassiné par des fanatiques chrétiens. Les personnages symbolisent en outre les tendances et les idées qui animèrent la vie agitée de l'auteur, fougueux partisan du socialisme chrétien.

L’œuvre n'a pas une grande valeur artistique. L'intrigue est beaucoup trop complexe et les personnages, qui sont légion, ont une vie plus apparente que réelle. Octavien personnifie l'empire d'Orient: gouverneur corrompu, il s'éprend d'Hypatie, qui le méprise au fond du cœur, mais accepte de l'épouser dans l'espoir de se servir de lui afin de remettre en honneur le culte des dieux païens et la pratique de la philosophie platonicienne. L'Église chrétienne est représentée par l'évêque Cyrille, personnage habile et parfois sans scrupule. Les Hébreux, éternels trafiquants, toujours prêts à comploter contre les Chrétiens, sont excités par la vieille mégère, Myriam, religieuse défroquée, riche et corrompue. Le fils de Myriam, Raphaël, symbolise les intellectuels sans préjugés, capables de se ressaisir devant l'adversité: poussé par Synésios et Augustin, Raphaël se convertira au Christianisme et épousera la jeune Victoria.

Enfin l'idée chrétienne qui triomphe de tous les obstacles (et pour le protestant Kingsley l'obstacle majeur est l'Église catholique) est représentée par le jeune Philamon. Il a vécu jusqu'à 17 ans chez les moines de la Thébaïde ; Myriam l'a conquis, puis il s'est laissé séduire par l'éloquence et la beauté d'Hypatie ; lorsque la foule chrétienne la massacre, le jeune homme est bouleversé par la froideur des prêtres : il tue Aman, chef d'un groupe de Goths et amant d'une de ses sœurs, dont Myriam a fait la plus célèbre courtisane d'Alexandrie. Enfin il retourne à Dieu et à la vie austère des anachorètes. Sans grande valeur historique, le roman compte nombre de belles descriptions qui peuvent justifier le succès qu'il connut tant en Angleterre qu'à l'étranger.

(Source : T.F. Le Clère, 1857)

c) Symbolique d’Hypatia

Hypatia y fut décrite telle " the spirit of Plato and the body of Aphrodite " (l’âme de Platon et le corps d’Aphrodite). Il prétendit qu’elle mourut à une vingtaine d’années et que le Moyen-âge suivit immédiatement.

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